Cựu Tổng thống Pháp Nicolas Sarkozy đối diện bản án 3 năm tù

L’image de l’ancien Président Nicolas Sarkozy, autrefois synonyme d’énergie et d’autorité inébranlable, est en train de se fissurer sous le poids d’une réalité bien moins glorieuse. La véritable menace qui plane sur l’ancien chef d’État n’est pas médiatique, mais judiciaire. Elle porte un nom : l’affaire Sarkozy-Kadhafi. Plus qu’un simple scandale politique, cette affaire, selon Edwy Plenel, le co-fondateur de Mediapart, n’est rien de moins que « l’affaire la plus grave au fond de la Cinquième République, peut-être de toute notre histoire républicaine. »

Cette accusation, formulée avec un calme tranchant sur le plateau de TV Monde, ne souffre d’aucune ambiguïté. Elle expose un ancien Président cerné par la justice, concerné par plusieurs enquêtes judiciaires majeures qui décomposent méthodiquement l’image d’un homme au-dessus des lois. La vérité est là : Nicolas Sarkozy est non seulement renvoyé devant un tribunal pour financement illicite de campagne électorale (l’affaire Bygmalion, concernant la campagne présidentielle), mais il est aussi mis en examen pour corruption et trafic d’influence dans le dossier Bismuth, ainsi que triplement mis en examen dans le dossier du financement libyen.

Face aux juges, l’homme qui affirmait jadis s’occuper de tout, du Premier ministre à ses collaborateurs, se mue en un homme amnésique. Les auditions de Nicolas Sarkozy, dont Mediapart a publié les comptes-rendus, révèlent un changement de posture saisissant : il n’y a plus l’esbroufe du président jupitérien, mais un homme acculé qui répond systématiquement par des « Je ne sais pas » ou « ça ne me concernait pas ». L’ancien leader, qui prenait l’ascendant sur tout, se défausse désormais sur ses collaborateurs, notamment Claude Guéant et Brice Hortefeux. Ce réflexe de déni, loin d’être une défense solide, sonne comme un aveu de panique face à l’ampleur des charges.

 

Le Réseau Souterrain et les Millions de la Dictature

 

L’affaire libyenne est l’épicentre du scandale. Elle concerne les liens de financement noués dès le milieu des années entre le « clan Sarkozy » et le régime de Mouammar Kadhafi, en vue de l’élection présidentielle.

Le récit des révélations de Mediapart s’appuie sur une accumulation de preuves vertigineuses. Il y a d’abord la célèbre note de Moussa Koussa, ancien chef des services de renseignement libyens, qui promettait un financement de la campagne Sarkozy. L’ancien Président l’avait traitée de « faux grossier », mais après l’avoir poursuivi en justice, la justice a établi « la parfaite authenticité matérielle de la note ».

Le fondateur de Médiapart Edwy Plenel vient de flinguer sur TV5 Monde  l'ancien président Nicolas Sarkozy: « Il a ouvert la voie à une démocratie  de la crapulerie et de la saloperie ».

À cela s’ajoutent les témoignages, les documents, les recoupements et les traçabilités d’argent. On retrouve au cœur du système des intermédiaires comme Ziad Takieddine. Si Sarkozy a tenté de discréditer ce dernier en le qualifiant de « menteur », l’enquête rappelle que Takieddine a fait de la prison pour avoir convoyé de l’argent pour le clan Balladur (dont Sarkozy était le porte-parole). Plus grave, le témoignage de Takieddine est corroboré par des éléments extérieurs matériels, notamment le journal intime manuscrit d’un ancien dignitaire libyen, Choukri Ghanem, qui consignait les versements au clan Sarkozy.

Cette corruption n’était pas l’affaire de quelques individus isolés. Edwy Plenel rappelle les voyages organisés par Takieddine pour Nicolas Sarkozy (alors Ministre de l’Intérieur ou du Budget), Brice Hortefeux et Claude Guéant à Tripoli. Quel sujet nécessitait des rencontres discrètes avec le régime libyen, si ce n’est, comme l’indiquaient les notes de Takieddine, la question de l’argent ?

Le sommet de l’ignominie a été atteint avec les têtes-à-têtes entre Brice Hortefeux et Abdallah Senoussi, le chef des services secrets libyens. Senoussi était pourtant un homme condamné à perpétuité et recherché par la justice française pour l’attentat du DC- d’UTA. Un ministre français n’hésitait pas à le rencontrer sans escorte, sans témoin, et sans gêne.

L’argent libyen a laissé des traces concrètes : Claude Guéant, mis en examen, est accusé d’avoir acheté un appartement une année plus tard en partie avec de l’argent en espèces, argent qui proviendrait des financements libyens. L’affaire du « coffre-fort » loué par Guéant pendant la campagne, soupçonné par les policiers d’avoir abrité du liquide, complète ce tableau d’un financement opaque et potentiellement criminel.

 

La Guerre pour Cacher les Compromissions

 

L’aspect le plus sombre et potentiellement le plus destructeur de cette affaire réside dans le lien entre la corruption et la guerre en Libye. Edwy Plenel et Fabrice Arfi insistent pour dissocier le volet judiciaire (le financement) du volet politique et militaire (la guerre), tout en suggérant une connexion abyssale.

L’intervention française menée sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, a, selon les conclusions du parlement britannique, largement dépassé le mandat initial des Nations Unies, qui ne visait qu’à une intervention de protection. En réalité, la France a accompagné le renversement du régime de Kadhafi.

La conséquence de cette précipitation, voire de cette « irresponsabilité », est un désordre mondial. L’arsenal militaire libyen, l’un des plus modernes d’Afrique, a été dispersé et se trouve aujourd’hui « aux mains des djihadistes ». Fabrice Arfi pose le constat glaçant : « Nous combattons ce que nous avons créé ». C’est en effet cet arsenal libyen qui alimente les groupes terroristes du Sahel, ceux-là mêmes que la France combat aujourd’hui.

Derrière cette guerre, Mediapart soulève une question essentielle : l’intervention n’aurait-elle pas été motivée, en partie, par des « arrières-pensées privées de monsieur Sarkozy » face à la crainte que ses relations « incestueuses, corruptives » avec Kadhafi ne soient révélées ? Le Président, connaissant ses liens financiers passés, aurait-il pu utiliser sa position de chef des armées pour éliminer celui qui pouvait le compromettre ? L’idée d’une guerre menée pour dissimuler un délit financier est une allégation d’une gravité inédite.

 

Le Silence de la Mort et l’« Entreprise Mafieuse »

Ce soupçon se renforce avec les circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi. Le livre de Mediapart apporte des éléments troublants : si le convoi de Kadhafi a bien été bombardé par un avion français, et si le dictateur a été lynché par la foule, Fabrice Arfi rappelle qu’il a été « exécuté » par une balle, non pas simplement tué par la foule.

Le gouvernement intérimaire libyen, très proche de Nicolas Sarkozy à l’époque, a refusé à l’ONU l’accès au rapport d’autopsie. Cette rétention d’information est d’autant plus troublante que, selon les révélations, « au moins une cinquantaine de membres des forces spéciales françaises » étaient présentes sur place. La conclusion est implacable et sans appel : Kadhafi « ne pouvait plus parler », impliquant qu’il a été réduit au silence pour empêcher son témoignage.

Face à ces révélations, la réaction de Nicolas Sarkozy a été de dénoncer une « machination » dont Mediapart serait un « auteur » au même titre que les « assassins de Kadhafi ». Pour Edwy Plenel, c’est « un langage de voyou », indigne d’un ancien Président.

Mais Fabrice Arfi va plus loin. Il dénonce une « formidable entreprise pour étouffer cette affaire » qui prend des « ressorts mafieux ». Cette stratégie d’occultation se décline en trois axes : comploter contre les magistrats et les enquêteurs, faire pression sur les services secrets français pour empêcher les témoins de parler, et instrumentaliser certains médias pour écrire ce qui plaisait à la « sarkozie ». Le prix à payer est lourd : « une épidémie de mort accidentelle dans ce dossier », des témoins qui ont disparu ou sont réfugiés à l’étranger.

 

L’Exigence de Transparence Républicaine

 

Aujourd’hui, l’affaire Sarkozy-Kadhafi, que Mediapart documente depuis des années, révèle les « manquements de la France institutionnellement dans la lutte contre la corruption ». Malgré son ampleur mondiale, l’enquête manque cruellement de moyens. Contrairement aux pays comme les États-Unis, il n’y a pas en France un juge, un procureur, ou un policier détaché à temps plein sur le dossier.

Pourtant, l’enquête progresse grâce au courage et à l’indépendance de fonctionnaires et de journalistes. Pour Edwy Plenel, il en va de l’honneur de la République et de la transparence de notre démocratie. Le journalisme, par son indépendance, se positionne comme un contre-pouvoir essentiel, dont la mission est de révéler ce qui est d’intérêt public.

Le temps de l’impunité est révolu. L’affaire Sarkozy-Kadhafi, c’est l’histoire d’un double scandale : la corruption d’une démocratie par une dictature pétrolière, suivie d’une guerre qui a déstabilisé toute une région. Il est urgent que le Parlement français, à l’instar de ce qui a été fait en Grande-Bretagne, fasse toute la lumière sur ce dossier. C’est la condition sine qua non pour restaurer la confiance des citoyens et s’attaquer aux causes profondes du désordre mondial que cette affaire a contribué à créer. La justice doit être implacable, car on ne peut « tricher avec ce qui est le scrutin », le fondement même de la République.