Retour sur l’histoire d’amour entre Éric Cantona et Rachida Brakni

Ils forment un couple discret, élégant, et résolument singulier. Éric Cantona, l’ancien footballeur au caractère bien trempé, devenu acteur, peintre et poète à ses heures. Et Rachida Brakni, comédienne reconnue, metteuse en scène exigeante, figure d’un théâtre à la fois moderne et engagé. Leur rencontre, leur union et leur chemin commun forment l’un des récits amoureux les plus intrigants et authentiques du paysage artistique français.

Tout commence au début des années 2000. Cantona, retiré depuis peu du monde du football, se lance dans une nouvelle carrière : le théâtre. Il accepte un rôle dans une adaptation contemporaine de la pièce Ubu Roi d’Alfred Jarry. C’est là, sur scène, qu’il rencontre Rachida Brakni, déjà remarquée pour son intensité et sa présence magnétique. Immédiatement, une alchimie naît. Elle est discrète, lui est exubérant. Elle mesure ses mots, il les crie. Et pourtant, l’évidence est là.

Leur relation ne tarde pas à prendre une tournure sérieuse. Mais contrairement à d’autres couples médiatiques, ils choisissent de se préserver. Pas de photos posées dans les magazines, pas de révélations tapageuses. Ils se marient en 2007, loin des projecteurs, dans une cérémonie intime. De leur union naîtront deux enfants, qu’ils protègent farouchement de la sphère publique.

Ce qui frappe chez eux, c’est la manière dont leur amour nourrit leur art. Ensemble, ils ont monté plusieurs projets. Le plus marquant reste sans doute Face à face, leur compagnie théâtrale indépendante, née de leur envie commune de proposer des œuvres qui dérangent, qui bousculent, qui interrogent. Ils montent ensemble des spectacles engagés, parfois politiques, toujours portés par une vision forte du monde.

En 2012, ils cosignent la mise en scène d’Ubu enchaîné, un clin d’œil à leur rencontre. Cette fois, c’est Rachida qui dirige, et Éric qui joue. La critique salue l’énergie brute, l’humour grinçant, et l’équilibre étonnant entre rigueur théâtrale et liberté d’interprétation. “Travailler avec Éric, c’est accepter l’imprévu. Mais c’est aussi accéder à une intensité rare”, confie Rachida dans un entretien.

Cantona, de son côté, parle de sa femme avec une tendresse constante : “Elle m’apaise. Elle me donne un cadre sans jamais m’enfermer. Elle comprend mes silences, mes excès, mes colères. Elle ne veut pas me changer. C’est ça, aimer.”

Ce respect mutuel se ressent dans toutes leurs apparitions communes. Ils ne cherchent jamais à attirer l’attention. Quand ils viennent défendre une pièce, un film ou un livre, c’est toujours avec mesure. Et pourtant, leur complicité transparaît dans chaque regard, chaque geste. On sent une force tranquille, celle des couples solides, qui n’ont rien à prouver.

Leur engagement ne se limite pas à la sphère artistique. Tous deux prennent régulièrement position sur des sujets qui leur tiennent à cœur. Rachida Brakni, issue d’une famille algérienne modeste, milite pour l’égalité des chances et l’accès à la culture. Elle donne des ateliers dans des lycées de banlieue, monte des projets avec des jeunes artistes. Cantona, lui, n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pense, que ce soit sur les dérives du football business, la précarité, ou la montée de l’extrême droite.

Et pourtant, malgré leurs convictions, ils ne tombent jamais dans la posture ou l’indignation facile. Leur discours est toujours mesuré, ancré, incarné. “L’engagement, ce n’est pas crier. C’est faire. C’est créer. C’est donner du temps, de l’espace, de la voix à ceux qu’on n’entend jamais”, disait un jour Rachida.

Ce qui rend leur histoire si touchante, c’est aussi leur refus de toute forme de routine. Chacun garde son espace, sa liberté, tout en construisant à deux. Ils ne vivent pas dans la même ville toute l’année. Ils voyagent souvent, parfois séparément, parfois ensemble. Ils se retrouvent avec bonheur, mais ne s’étouffent jamais.

Récemment, ils ont confié travailler sur un nouveau projet de long-métrage, à la frontière entre fiction et documentaire. Le sujet reste encore secret, mais il devrait évoquer les liens familiaux, les origines, la mémoire collective. Un projet qui, une fois encore, réunit leurs sensibilités et leurs préoccupations.

Et quand on leur demande le secret de leur longévité, ils répondent sans détour : “Ne jamais tout dire. Ne jamais tout montrer. Garder une part de mystère. Et ne jamais oublier que l’autre n’est pas soi. Il faut l’aimer comme il est, pas comme on voudrait qu’il soit.”

Dans un monde où l’amour semble souvent jetable, et les couples médiatiques fabriqués, Éric Cantona et Rachida Brakni nous rappellent qu’il existe d’autres voies. Des chemins plus exigeants, mais aussi plus profonds. Une histoire qui se construit au fil du temps, dans le respect, la confiance, et la passion partagée pour l’art et pour la vie.