Ozzy Osbourne, ce n’est pas qu’un cri dans la nuit ou une chauve-souris croquée sur scène : c’est une légende vivante du heavy metal, un survivant aux mille vies, une voix qui a marqué plusieurs générations, que ce soit avec Black Sabbath ou dans sa carrière solo. Derrière l’image provocante et sulfureuse, se cachent des titres inoubliables qui ont fait trembler les murs et les cœurs. En choisissant cinq morceaux emblématiques, on redécouvre toute la force émotionnelle, la noirceur lyrique et la folie musicale de ce “Prince des ténèbres” inimitable. Cliquez sur le lien pour voir les détails.

Ozzy Osbourne. Un nom qui évoque autant la controverse que la fascination. Depuis ses débuts tonitruants avec Black Sabbath dans les années 70 jusqu’à sa carrière solo jalonnée de tubes et de scandales, il incarne à lui seul une certaine idée du rock extrême, sauvage, sans concession. Surnommé le “Prince des ténèbres”, Ozzy a pourtant su traverser les époques, survivre à ses propres excès et devenir une figure culte. Pour mesurer l’impact de son œuvre, rien de tel que de s’arrêter sur cinq titres emblématiques, entre enfer musical et éclairs de génie.

1. Black Sabbath – “Black Sabbath” (1970)
C’est avec ce morceau que tout commence, littéralement. Le tout premier titre du tout premier album de Black Sabbath. Et dès les premières notes, le ton est donné : un riff lent, pesant, presque funèbre, inspiré du Dies Irae, et cette pluie, cet orage, cette cloche… Ozzy entre en scène, et c’est l’apocalypse. “What is this that stands before me?” interroge-t-il d’une voix hantée. C’est le heavy metal qui vient de naître sous nos yeux. Jamais un morceau n’avait aussi bien incarné l’angoisse, la peur, l’oppression. Il suffit d’un seul titre pour comprendre pourquoi Ozzy deviendra ce prince noir adulé et redouté.

2. Black Sabbath – “Paranoid” (1970)
Changement de ton, mais même intensité. Enregistrée à la va-vite pour combler un vide sur l’album, cette chanson de deux minutes quarante deviendra l’un des plus grands hymnes du metal. Riff imparable, voix nerveuse, texte sur la dépression et la paranoïa : tout y est. Ozzy, avec son timbre reconnaissable entre mille, parvient à exprimer l’angoisse d’une génération en quelques mots. “Can you help me, occupy my brain?” demande-t-il, presque désespéré. C’est brut, sincère, sans filtre. Un cri du cœur porté par l’urgence électrique des guitares de Tony Iommi. Et un classique éternel.

3. Ozzy Osbourne – “Crazy Train” (1980)
Premier album solo, premier tube interplanétaire. Après son éviction de Black Sabbath, beaucoup le pensaient fini. Il répondra avec un riff légendaire signé Randy Rhoads et une chanson devenue hymne du hard rock. Dès l’intro, ce rire fou, ce “All aboard!” : Ozzy est de retour, plus barré que jamais. “Mental wounds not healing, life’s a bitter shame” : le texte reflète ses troubles, ses addictions, son mal-être chronique. Mais il en fait une force. “Crazy Train” est un train lancé à pleine vitesse, et Ozzy est aux commandes. Résultat : un succès mondial et un classique de toutes les générations de metalleux.

4. Ozzy Osbourne – “Mr. Crowley” (1980)
Dans ce morceau, Ozzy convoque l’occultiste britannique Aleister Crowley, figure sulfureuse dont l’influence plane depuis longtemps sur le rock. Le morceau, lent et majestueux, démarre sur un solo d’orgue inquiétant avant de s’enflammer dans une envolée lyrique où Ozzy interroge la figure de Crowley. “Was it polemically sent / I wanna know what you meant.” C’est théâtral, mystique, dramatique, et pourtant profondément personnel. Ozzy ne fait pas que jouer avec l’imagerie noire : il s’y plonge avec une sincérité déconcertante. Et musicalement, c’est un bijou, entre solo flamboyant et ambiance cinématographique.

5. Ozzy Osbourne – “Under the Graveyard” (2019)
À 71 ans, alors qu’on ne l’attendait plus, Ozzy revient avec ce titre aussi sombre qu’émouvant. Véritable confession sur sa santé déclinante, ses regrets, ses luttes, “Under the Graveyard” est une ballade lourde, introspective, bouleversante. “It’s cold in the graveyard, we all die alone,” chante-t-il d’une voix fatiguée mais encore puissante. Loin des outrances de ses débuts, Ozzy livre ici un autoportrait lucide, poignant. La guitare, lente et déchirante, accompagne ce chant du cygne annoncé, qui résonne comme une dernière prière. Une preuve, s’il en fallait, que le “Prince des ténèbres” a encore une âme.

À travers ces cinq titres, c’est toute la complexité d’Ozzy Osbourne qui se dévoile. Un homme déchiré entre lumière et obscurité, capable de hurler sa rage comme de murmurer sa douleur. Un chanteur souvent caricaturé, mais dont l’impact musical et culturel reste immense. Il a survécu à tout : à la drogue, à l’alcool, à ses propres démons, à l’industrie musicale… et même à lui-même.

Ozzy, c’est un paradoxe ambulant. Un artiste à la fois clownesque et tragique, grotesque et grandiose. Un homme qui, malgré tous les excès, a toujours su toucher quelque chose de profondément humain. Et si ses chansons nous hantent encore aujourd’hui, c’est sans doute parce qu’elles parlent, au fond, de notre propre peur du vide, de la mort, de la folie. Ozzy Osbourne est bien plus qu’une icône du metal. Il est un miroir de nos angoisses, un cri dans la nuit qui ne s’éteint jamais.