La disparition d’Ozzy Osbourne a provoqué une onde de choc planétaire, mais c’est l’intensité et la diversité des hommages – d’Elton John à Metallica en passant par Yungblud – qui laissent sans voix : chacun dévoile une facette intime et insoupçonnée du Prince des Ténèbres, révélant des souvenirs personnels bouleversants et des vérités longtemps tues. Derrière ces hommages, une même émotion brute et universelle. Pourquoi Ozzy a-t-il marqué autant d’univers musicaux si différents ? — cliquez sur le lien pour comprendre toute la portée de cet adieu.

“C’est avec une tristesse que les mots ne peuvent exprimer que nous devons annoncer que notre bien-aimé Ozzy Osbourne est mort ce matin. Il était entouré de sa famille et d’amour”, a annoncé sa famille dans un communiqué, mardi 22 juillet.

Ozzy Osbourne est mort. Cette simple phrase a suffi à figer le monde de la musique dans un silence chargé d’émotion. Le Prince des Ténèbres, figure légendaire du heavy metal, s’est éteint à l’âge de 76 ans, laissant derrière lui un héritage sonore inégalé, mais surtout une empreinte humaine profondément marquante. Très vite, les hommages ont afflué, venant d’artistes de tous horizons, de toutes générations. Et dans ce flot de messages, une chose saute aux yeux : Ozzy Osbourne, plus qu’un mythe, était une âme que beaucoup portaient dans leur cœur.

Elton John fut parmi les premiers à réagir. Le chanteur, pourtant éloigné de l’univers métal, a publié une photo d’eux deux, bras dessus bras dessous, avec un simple message : “Repose en paix, frère. Tu as changé la musique, et tu nous as tous changés.” En quelques mots, il résumait l’impact transcendant d’Ozzy, capable de toucher des artistes aux styles radicalement opposés. Dans une interview accordée quelques mois plus tôt, Elton avait raconté que c’était Ozzy qui lui avait appris à assumer ses parts d’ombre, ses excès, sans honte.

Du côté du metal, les réactions furent bien entendu plus nombreuses, mais aussi plus intimes. Metallica, dans un communiqué commun, a salué non seulement l’artiste mais “le grand frère, le fou génial, celui qui hurlait plus fort que nos amplis mais savait aussi écouter mieux que personne”. Lars Ulrich a partagé une lettre manuscrite dans laquelle il confie que sans Black Sabbath, son adolescence aurait été un désert. Il évoque une rencontre en 1984, en coulisses, où Ozzy l’avait surpris avec un câlin silencieux avant son premier grand concert. “Il avait ce pouvoir de calmer le feu, même quand lui-même était en flammes.”

Yungblud, représentant d’une toute autre génération, a surpris tout le monde avec un long texte bouleversant. Il décrit Ozzy comme un “parrain spirituel du chaos”, une figure tutélaire qui l’a inspiré à ne jamais s’excuser d’être trop. Dans un passage très personnel, il raconte leur unique rencontre, dans une loge à Los Angeles. Ozzy, affaibli mais encore malicieux, lui avait simplement dit : “Fais du bruit. Ne baisse jamais le son pour les autres.” Ces mots, selon Yungblud, sont devenus un mantra.

Mais ce ne sont pas seulement les musiciens qui ont tenu à s’exprimer. Des réalisateurs, des écrivains, des sportifs ont également rendu hommage à l’homme qui symbolisait une forme de liberté pure, sans compromis. Quentin Tarantino a écrit qu’Ozzy Osbourne représentait “la bande-son idéale de toute scène d’émeute, mais aussi de toute scène d’amour tragique”. Stephen King a rappelé qu’il écoutait “War Pigs” en boucle lorsqu’il écrivait certaines de ses pages les plus sombres.

Tous ces hommages dessinent un portrait complexe. Ozzy n’était pas seulement le chanteur exubérant qui mordait des chauves-souris ou hurlait sur scène. Il était aussi, selon ceux qui l’ont connu, un homme d’une sensibilité désarmante. Sa femme, Sharon Osbourne, a publié une photo en noir et blanc de lui regardant l’horizon, accompagnée d’un simple cœur. Leur relation, passionnelle et souvent mouvementée, avait tenu plus de quarante ans. Elle a été à la fois son roc et sa tempête.

Il faut aussi se rappeler qu’Ozzy Osbourne a longtemps lutté contre ses démons. Drogues, alcool, hospitalisations, diagnostics terrifiants – il a tout affronté sous les yeux du public. Et pourtant, il revenait toujours. Plus brisé, mais aussi plus lucide. Dans les dernières années de sa vie, ses interviews étaient empreintes d’une sagesse étrange, mêlant l’humour noir à une réflexion presque philosophique. “J’ai fait plus de conneries que cent hommes réunis, mais je suis toujours là, alors quelque chose doit vouloir dire que je n’ai pas tout raté.”

Son dernier album, “Patient Number 9”, avait d’ailleurs marqué une sorte de retour aux sources, tout en s’ouvrant à des collaborations inattendues. On y retrouvait Jeff Beck, Eric Clapton, mais aussi Post Malone. Cette capacité à rassembler, à créer des ponts entre les générations, faisait de lui un artiste unique. Même les plus jeunes voyaient en lui un mentor, un symbole d’authenticité dans un monde de plus en plus formaté.

Aujourd’hui, alors que le monde le pleure, chacun semble vouloir conserver une partie de lui. Les hommages se multiplient, mais certains restent silencieux. James Hetfield, par exemple, a simplement changé sa photo de profil pour un dessin d’Ozzy souriant. Billie Joe Armstrong a posté une vidéo muette d’un concert de Black Sabbath. Comme si les mots ne suffisaient plu

Et peut-être qu’ils ne suffisent pas. Car Ozzy Osbourne n’était pas seulement un musicien. Il était une légende vivante, puis une légende tout court. Un homme qui incarnait la folie, la liberté, la douleur et la poésie. Sa mort n’est pas juste la fin d’une carrière. C’est la fin d’une ère.

Mais dans les cris de guitare, les refrains hurlés, les nuits noires peuplées de riffs électriques, son esprit continue. Ozzy Osbourne est mort. Mais il hurle encore.