Comment peut-on dire une chose pareille ? La dernière sortie de Matthieu Delormeau a provoqué un véritable scandale. En voulant attaquer Dechavanne, il a tenu des propos indécents sur l’affaire Palmade et ses victimes. Plongez au cœur d’une polémique qui secoue le PAF en lisant notre article complet en commentaire.

Il y a des moments, en direct à la télévision, où le temps semble s’arrêter. Des instants où une seule phrase, lourde de sens et d’indécence, suffit à faire basculer un simple débat en un scandale retentissant. Ce moment, les téléspectateurs de W9 l’ont vécu, saisis d’effroi, lors de l’émission “PAF avec Baba”. L’auteur de ce séisme médiatique : Matthieu Delormeau, chroniqueur connu pour son franc-parler et ses provocations. Mais cette fois-ci, en tentant de régler ses comptes avec l’animateur Christophe Dechavanne, il a franchi une ligne rouge morale, en prononçant une comparaison monstrueuse avec l’affaire Pierre Palmade, qui a laissé le plateau et le public sans voix.

La séquence s’inscrivait dans un débat sur la réputation de Christophe Dechavanne, souvent décrit comme un patron “ingérable” et tyrannique par d’anciens collaborateurs. Alors que les chroniqueurs échangeaient leurs points de vue, Matthieu Delormeau a pris la parole, précédant son intervention d’un avertissement qui aurait dû tous nous alarmer : “Je vais vous choquer”. Personne, cependant, n’aurait pu anticiper l’abîme qui allait suivre. D’un ton assuré, il a lancé la phrase qui résonne encore : “Au moins, Pierre Palmade, il a tué des gens, mais il ne l’a pas fait exprès. Dechavanne, ça fait 30 ans qu’il fait des malheureux, et il l’a fait exprès.”

Un silence de mort s’est abattu sur le plateau. Les sourires se sont figés, les regards se sont vidés. Un ange, ou plutôt un démon, venait de passer. En moins de vingt secondes, Matthieu Delormeau venait non seulement de relativiser l’un des drames les plus terribles de ces dernières années, mais il avait aussi établi une hiérarchie de l’horreur aussi absurde qu’insultante.

Pour saisir la portée de ce dérapage, il est essentiel de se remémorer la tragédie de l’affaire Palmade. Le 10 février 2023, le comédien Pierre Palmade, sous l’emprise de drogues, provoquait un accident de la route d’une violence inouïe. Il a percuté de plein fouet une voiture transportant une famille. Le bilan est effroyable : un homme de 38 ans et son fils de 6 ans polytraumatisés, et une femme enceinte de près de sept mois qui a perdu son bébé. Ce n’est pas une fiction, c’est un drame humain, des vies brisées, une enfant à naître qui n’a jamais vu le jour. C’est dans ce contexte de souffrance réelle et irréversible que le “Au moins, Pierre Palmade…” de Matthieu Delormeau prend toute sa dimension monstrueuse. Utiliser ce drame comme un simple argument dans une querelle médiatique est une banalisation insupportable de la douleur des victimes. Le “il ne l’a pas fait exprès” sonne comme une excuse dérisoire face à la responsabilité écrasante de prendre le volant dans un état second.

De l’autre côté de cette comparaison bancale, il y a Christophe Dechavanne. Animateur emblématique, il traîne depuis des années une réputation de professionnel difficile, voire toxique. Les témoignages décrivant un homme colérique, humiliant et cassant avec ses équipes sont nombreux et documentés. Le débat sur son comportement en coulisses est légitime. Le harcèlement au travail est un sujet grave qui mérite d’être dénoncé. Mais peut-on, une seule seconde, mettre sur le même plan des allégations de management toxique, aussi graves soient-elles, et un accident ayant entraîné la mort et des blessures physiques irréversibles ?

C’est là que réside toute l’indécence de la sortie de Matthieu Delormeau. Il n’a pas seulement comparé deux situations, il a créé une équivalence morale entre des “malheureux” au travail et des victimes d’un crash. Pire, avec sa conclusion “et il l’a fait exprès”, il a sous-entendu que l’intention de nuire psychologiquement serait plus condamnable qu’une “erreur” ayant conduit à la mort. Cette rhétorique est non seulement fallacieuse, mais elle est surtout une insulte profonde à la mémoire du bébé décédé et à la souffrance de la famille anéantie.

Connu pour son personnage de “grande gueule” et ses déclarations à l’emporte-pièce, Matthieu Delormeau a fait de la provocation sa marque de fabrique. Mais cette fois, la recherche du buzz a cédé la place à une sortie qui dépasse le cadre du simple “dérapage”. Il ne s’agit plus d’une opinion controversée, mais d’une faillite morale en direct. En instrumentalisant une tragédie humaine pour appuyer une argumentation personnelle contre une autre célébrité, il a montré le visage le plus cynique de la télévision-spectacle, celle qui est prête à piétiner la décence la plus élémentaire pour quelques secondes de “moment fort”.

Le silence glacial qui a accueilli ses mots sur le plateau de W9 est peut-être la réponse la plus éloquente. Il traduit le choc, l’embarras, et peut-être la prise de conscience collective qu’une limite venait d’être pulvérisée. Dans cette course effrénée à l’attention, Matthieu Delormeau a oublié l’essentiel : derrière les “affaires” et les “dossiers”, il y a des êtres humains. Et leur douleur ne sera jamais un argument.