😠 Trop intello, trop parisien, trop nombriliste ? Vous aussi, vous en avez marre d’un certain cinĂ©ma français ? Vous n’ĂȘtes pas seul ! DĂ©couvrez pourquoi le public est si divisĂ© et ce que ces critiques rĂ©vĂšlent de notre sociĂ©tĂ©. Plongez dans le grand dĂ©bat qui nous anime tous. L’article est en commentaire ! 👇

Il est une source de fiertĂ© nationale, un pilier de notre “exception culturelle”, mais aussi, et peut-ĂȘtre surtout, un sujet de dĂ©bat passionnĂ© et sans fin. Le cinĂ©ma français entretient avec son propre public une relation complexe, une sorte d’amour-haine oĂč les compliments les plus Ă©logieux cĂŽtoient les critiques les plus acerbes. Interrogez les spectateurs Ă  la sortie d’une salle obscure et vous obtiendrez un kalĂ©idoscope de perceptions. Pour les uns, il est “profond” et “variĂ©”, capable du meilleur. Pour les autres, il est dĂ©sespĂ©rĂ©ment “bobo”, “nombriliste” et dĂ©connectĂ© des rĂ©alitĂ©s. Ces adjectifs contradictoires ne sont pas de simples opinions ; ils sont les symptĂŽmes d’un vĂ©ritable schisme culturel qui traverse la sociĂ©tĂ© française.

Le procĂšs en “nombrilisme” : la caricature du film parisien

Au cƓur de la frustration d’une grande partie du public se trouve la caricature, parfois justifiĂ©e, du “film d’auteur parisien”. Le scĂ©nario est presque devenu un clichĂ© : un couple d’intellectuels ou d’artistes (architectes, Ă©crivains, professeurs) en crise existentielle dans un appartement haussmannien du 6Ăšme arrondissement. Les dialogues, longs et littĂ©raires, explorent les mĂ©andres de leurs Ă©tats d’Ăąme, de leurs infidĂ©litĂ©s et de leur mal-ĂȘtre.

Pour des millions de spectateurs vivant en province, en banlieue, ou simplement en dehors de cette bulle socio-culturelle, le sentiment de dĂ©connexion est total. C’est de lĂ  que naĂźt l’accusation de “nombrilisme” : un cinĂ©ma qui se regarde le ventre, qui ne raconte que les histoires d’un microcosme privilĂ©giĂ© et oublie le reste du pays. L’Ă©tiquette “bobo” (bourgeois-bohĂšme) est alors brandie comme un Ă©tendard de ce rejet. Elle symbolise un cinĂ©ma perçu comme subventionnĂ©, Ă©litiste, et finalement rĂ©alisĂ© pour une poignĂ©e de critiques et de festivaliers plutĂŽt que pour le grand public. Cette critique est d’autant plus vive qu’elle est souvent associĂ©e au systĂšme de financement du cinĂ©ma français, accusĂ© de maintenir en vie des Ɠuvres jugĂ©es confidentielles et hermĂ©tiques.

La défense : une diversité et une richesse exceptionnelles

Pourtant, rĂ©duire le cinĂ©ma français Ă  cette seule caricature serait une profonde injustice. Car l’autre facette de cette production nationale est son incroyable diversitĂ©, une richesse que peu de pays peuvent revendiquer. C’est l’argument de ceux qui le qualifient de “variĂ©” et “profond”. Chaque annĂ©e, la France produit des films de tous les genres, qui rencontrent des publics trĂšs diffĂ©rents.

Il y a d’abord le succĂšs phĂ©nomĂ©nal des comĂ©dies populaires. Des films comme “Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?”, “Bienvenue chez les Ch’tis” ou la saga des “Tuche” rassemblent des millions de spectateurs, crĂ©ant de vĂ©ritables moments de communion nationale et prouvant que le cinĂ©ma français sait parler Ă  tout le monde.

Il y a ensuite le cinĂ©ma social, coup de poing, qui n’hĂ©site pas Ă  plonger dans les fractures de la sociĂ©tĂ©. Des Ɠuvres puissantes comme “Les MisĂ©rables” de Ladj Ly, “BAC Nord” de CĂ©dric Jimenez ou “La Haine” en son temps, montrent une France loin des cartes postales, avec une vitalitĂ© et une urgence qui trouvent un Ă©cho international.

Enfin, il y a ce fameux cinĂ©ma d’auteur qui, loin d’ĂȘtre monolithique, offre des Ɠuvres d’une profondeur et d’une audace rares, rĂ©guliĂšrement rĂ©compensĂ©es dans les plus grands festivals du monde. La Palme d’Or pour “Titane” ou “Anatomie d’une chute” ne sont pas des victoires anecdotiques ; elles tĂ©moignent de la capacitĂ© de nos cinĂ©astes Ă  produire un cinĂ©ma universel, intelligent et qui repousse les limites de la narration.

Un miroir des fractures françaises

Ce grand dĂ©bat n’est finalement pas qu’une querelle de cinĂ©philes. Il est le miroir des tensions qui parcourent la France elle-mĂȘme. La fracture entre le “cinĂ©ma de bobos” et la “comĂ©die populaire” recoupe d’autres divisions bien rĂ©elles : Paris contre la province, les Ă©lites culturelles contre les classes populaires, une France qui se sent reprĂ©sentĂ©e contre une autre qui se sent invisible.

Critiquer un “film nombriliste”, c’est souvent une maniĂšre dĂ©tournĂ©e d’exprimer une exaspĂ©ration face Ă  une forme de condescendance culturelle. À l’inverse, dĂ©fendre la nĂ©cessitĂ© d’un cinĂ©ma d’auteur exigeant, c’est plaider pour “l’exception culturelle”, ce modĂšle qui refuse de laisser le seul marchĂ© dĂ©cider de ce qui mĂ©rite d’exister.

En rĂ©alitĂ©, il n’existe pas un, mais des cinĂ©mas français. La vĂ©ritable richesse de notre production nationale rĂ©side prĂ©cisĂ©ment dans sa capacitĂ© Ă  ĂȘtre tout cela Ă  la fois. Sa force est de pouvoir produire la mĂȘme annĂ©e une comĂ©die qui fera rire 10 millions de personnes et un drame intimiste qui bouleversera un public plus restreint mais tout aussi passionnĂ©. Le dĂ©bat, parfois virulent, qui entoure notre cinĂ©ma est peut-ĂȘtre le plus beau signe de sa vitalitĂ©. Car il prouve que, qu’on l’aime ou qu’on le dĂ©teste, il ne laisse personne indiffĂ©rent.