Coup de tonnerre à Saint-Tropez : le concert tant attendu de Patrick Fiori se retrouve brutalement au cœur d’une polémique enflammée, entre accusations, tensions et réactions indignées. Un événement qui, au lieu d’être une fête musicale, menace désormais de se transformer en véritable scandale médiatique secouant tout l’été varois.

Patrick Fiori à Saint-Tropez : un concert sous le feu des polémiques

Un artiste aimé, une ville starisée, et un public divisé

Le 15 août 2025, Patrick Fiori devait enchanter les nuits tropéziennes avec un concert gratuit, organisé en plein cœur de la cité varoise. Sur le papier, tout semblait réuni pour une soirée inoubliable : un chanteur populaire, une ville mythique, et une date symbolique au cœur de l’été. Mais à quelques jours de l’évènement, la fête s’est transformée en polémique nationale. En cause ? Une décision municipale qui change tout : seuls les habitants de Saint-Tropez, justificatif de domicile à l’appui, pourront assister au spectacle.

Une règle qui a fait l’effet d’une bombe, révélant à quel point la question du surtourisme empoisonne désormais l’équilibre entre habitants et visiteurs dans certaines régions de France.

Patrick Fiori, un artiste rassembleur pris dans la tempête

Depuis plus de 30 ans, Patrick Fiori trace un chemin singulier dans la chanson française. Originaire de Corse, l’artiste s’est imposé grâce à sa voix puissante, ses ballades romantiques et ses collaborations prestigieuses, notamment avec Notre-Dame de Paris ou avec des compositeurs comme Jean-Jacques Goldman.

Chanteur de l’intime mais aussi homme de scène généreux, il a bâti une réputation d’artiste populaire, capable de réunir plusieurs générations dans ses concerts. Que ce soit en Corse, à Paris ou dans les festivals d’été, ses spectacles rassemblent, émeuvent, fédèrent.

Mais cette fois, malgré lui, le chanteur se retrouve au centre d’une controverse qui dépasse largement la sphère musicale. Car à Saint-Tropez, ce n’est pas son répertoire qui fait débat, mais la restriction du public décidée par la mairie.

Saint-Tropez, entre mythe touristique et exaspération locale

Difficile de parler de Saint-Tropez sans évoquer son image de carte postale : les yachts immenses, les plages bondées, les boutiques de luxe, les célébrités qui s’y affichent l’été… Mais derrière cette vitrine glamour se cache une réalité plus complexe.

Avec seulement 4 500 habitants à l’année, la ville doit absorber, chaque été, l’arrivée de dizaines de milliers de visiteurs quotidiens. Restaurants pris d’assaut, embouteillages monstres, prix de l’immobilier qui explosent, nuisances sonores… Les Tropéziens ont parfois le sentiment d’être assiégés dans leur propre ville.

C’est dans ce contexte que la municipalité a décidé que le concert de Patrick Fiori serait réservé aux habitants. « Pour une fois, c’est un évènement pensé pour nous », expliquent certains Tropéziens, ravis d’avoir une soirée musicale qui ne leur est pas confisquée par la foule des estivants.

Touristes et voisins exclus : la colère gronde

Si l’annonce a fait sourire certains locaux, elle a en revanche mis le feu aux poudres du côté des vacanciers et des habitants des communes voisines.

Car oui, beaucoup rappellent que les touristes paient une taxe de séjour lorsqu’ils séjournent à Saint-Tropez. Cette taxe sert précisément à financer des animations et des évènements dans la ville. Se voir refuser l’accès à un concert financé en partie grâce à leur contribution est perçu comme une injustice flagrante.

Certains vont même plus loin : des associations de consommateurs évoquent déjà un possible recours juridique, arguant que les visiteurs participent au financement des festivités et ne devraient pas en être exclus.

Quant aux habitants des communes alentours, qui travaillent parfois à Saint-Tropez ou y viennent régulièrement, ils dénoncent une forme de ségrégation culturelle : « Nous ne sommes pas des envahisseurs, nous faisons partie du tissu local. Pourquoi nous interdire ce concert ? »

Patrick Fiori, malgré lui, au cœur d’un débat brûlant

Ironie du sort : Patrick Fiori n’a absolument rien à voir avec cette décision. L’artiste se prépare à offrir un spectacle fidèle à son image, généreux et tourné vers le partage. Mais le chanteur corse, qui connaît bien les réalités du surtourisme sur son île natale, se retrouve pris entre deux feux.

En Corse, la population locale est régulièrement dépassée par le flot des visiteurs : près de 3 millions chaque année pour seulement 350 000 habitants, avec un pic de 450 000 en août. Les infrastructures craquent, la pollution augmente, les tensions sociales s’exacerbent. Patrick Fiori, en tant qu’artiste, sait que ces réalités ne sont pas abstraites.

À Saint-Tropez, il devient malgré lui le visage d’un dilemme bien plus vaste : comment concilier attractivité touristique et qualité de vie des habitants ?

Une polémique qui résonne au niveau national

Ce n’est pas la première fois qu’une ville française tente de protéger ses habitants face au surtourisme. On se souvient de certains villages corses fermant l’accès à leurs criques, de Venise instaurant des quotas de visiteurs, ou de Barcelone limitant les locations saisonnières.

Saint-Tropez, en réservant un concert gratuit aux seuls Tropéziens, adopte une mesure symbolique qui soulève une question de fond : faut-il désormais créer des « privilèges locaux » pour compenser les désagréments du tourisme de masse ?

Pour certains, c’est une réponse juste et proportionnée. Pour d’autres, c’est une erreur qui risque d’alimenter un climat de méfiance et d’exclusion.

Et maintenant ?

À deux jours du concert, nul ne sait encore si la municipalité maintiendra sa position ou assouplira les règles face à la pression médiatique. Une chose est certaine : l’évènement ne passera pas inaperçu.

Patrick Fiori, lui, a choisi de ne pas entrer dans la polémique. Fidèle à sa discrétion, il préfère concentrer son énergie sur la scène. Mais son nom restera malgré lui associé à un débat brûlant qui dépasse largement la musique : celui de la place des habitants face à l’invasion estivale, et du droit des touristes à profiter des festivités qu’ils contribuent à financer.

Conclusion : un concert devenu affaire d’État

Au fond, ce qui devait être une belle soirée d’été à Saint-Tropez s’est transformé en miroir des contradictions françaises : une ville qui vit du tourisme mais n’en peut plus de ses excès, des habitants qui veulent souffler, des visiteurs qui veulent en avoir pour leur argent, et un artiste piégé au milieu.

Vendredi soir, quand Patrick Fiori montera sur scène, le public aura sans doute un goût particulier : celui d’une fête sous tension, surveillée, discutée dans les cafés comme dans les JT.

Un concert qui, avant même d’avoir eu lieu, aura marqué les esprits comme l’exemple parfait de ce que devient la culture dans une France en proie au surtourisme : un champ de bataille symbolique, où chaque note de musique résonne comme un écho à des questions de société bien plus larges.