La sœur de « JP », un streameur français connu, mort dans la nuit de dimanche à lundi, évoque auprès de RTL des faits « intolérables ». Une autopsie est prévue demain pour comprendre si sa mort est liée aux sévices subis lors des vidéos diffusées en direct sur Kick.com.

Alors que l’autopsie du streameur « Jean Pormanove », de son vrai nom Raphaël Graven, mort dans la nuit de dimanche à lundi est prévue demain jeudi, sa sœur sort du silence. Auprès de nos confrères de RTL, cette dernière qualifie son décès « d’intolérable » et évoque les causes. « J’étais très très fière de ce qu’est devenu son frère. Je ne regardais pas tout mais j’estime qu’il n’aurait pas dû mourir comme ça, qu’il est décédé d’épuisement. Ce qu’il a vécu est inacceptable », martèle-t-elle.

Une enquête ouverte, l’ARCOM va discuter avec la plateforme prochainement

« JP », 46 ans, suivi par plus de 600 000 personnes, est mort dans la nuit de dimanche à lundi à Contes, au nord de Nice après un « live » de plusieurs jours où les participants subissaient sévices physiques mais aussi moraux par NarutoVie et Safine, deux streameurs très connus.

Le parquet de Nice a ouvert une enquête pour « recherche des causes de la mort » et les investigations ont été confiées à la police judiciaire de Nice. Elle avait déjà été saisie en décembre 2024 après un article de Mediapart sur les vidéos en direct des « amis ». L’autopsie du corps du quadragénaire se déroulera demain, jeudi 21 août. Cette dernière doit permettre d’indiquer si, oui ou non, sa mort est liée aux sévices évoqués ci-dessus.

Mort du streamer Jean Pormanove : pourquoi l’Arcom est sous le feux des critiques de l’extrême droite ?

Depuis la mort du streamer lors d’un direct, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique est vivement critiquée pour son inaction.

Depuis la mort du streamer Jean Pormanove, l'Arcom subit les foudres de l'extrême droite (Photo d'illustration / REUTERS/Christian Hartmann).

Depuis la mort du streamer Jean Pormanove, l’Arcom subit les foudres de l’extrême droite (Photo d’illustration / REUTERS/Christian Hartmann).

Depuis la mort du streamer Jean Pormanove, la recherche des responsabilités se poursuit. Si deux de ses comparses, accusés de le violenter depuis plusieurs années, sont particulièrement ciblés, l’Arcom est également pointée du doigt, car l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique avait été alertée sur les pratiques sur la chaîne de streaming de Jean Pormanove.

En décembre 2024, Mediapart consacrait une enquête à cette chaîne de streaming au contenu parfois choquant. “L’’Arcom nous indique de son côté qu’elle n’est pas certaine que l’entreprise bénéficie d’une représentation légale au sein de l’UE”, expliquait le média en ligne.

L’inaction de l’Arcom indigne le RN et ses alliés

En février dernier, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) avait saisi l’Arcom pour la diffusion des contenus montrant des tortures infligées au streamer Jean Pormanov. L’Autorité de régulation n’avait alors pas agi malgré la règlementation européenne.

Plusieurs élus, principalement d’extrême droite, s’en prennent à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. “L’Arcom nous explique qu’elle n’est pas en mesure de fermer une plateforme web, malgré les multiples signalements ayant conduit à un meurtre, alors qu’elle n’a eu aucune difficulté à fermer une grande chaîne comme C8 et à mettre sur le carreau des centaines de salariés…”, s’indigne sur X le député RN de l’Aude Frédéric Falcon. Éric Ciotti déplore lui un deux poids deux mesures de l’autorité.

Une rancoeur de l’extrême droite envers l’Arcom bien plus ancienne

“Qu’il ait fallu attendre sa mort pour obtenir de vraies suites judiciaires est terriblement choquant, et la défaillance de l’ARCOM apparaît flagrante”, s’insurge de son côté l’eurodéputée Marion Maréchal, tandis que la députée RN du Vaucluse Bénédicte Auzanot s’interroge : “Quant à l’ARCOM, si prompte quand il s’agit de s’en prendre à CNews, où était-elle ?”.

Mais ce n’est pas la mort du streamer Jean Pormanove qui a déclenché l’hostilité de l’extrême droite à l’Arcom. Depuis plusieurs mois déjà, l’Autorité est dans son viseur.

Une pétition pour supprimer l’Arcom

Dans les messages publiés ces dernières heures par l’extrême droite et s’en prenant à l’Arcom, des arguments similaires reviennent. La plupart du temps, il s’agit de mettre en opposition l’inaction de l’Arcom à agir envers la plateforme de streaming Kick et les sanctions prises envers CNews et C8 ces derniers mois, deux chaînes vitrines des idées de l’extrême droite. L’Arcom avait décidé de ne pas renouveler la fréquence TNT de C8 au 1er mars dernier, au même titre que la chaîne NRJ12, qui n’a elle pas de lien connu avec l’extrême droite.

D’autres comptes liés à l’extrême droite et aux sphères libertariennes dénoncent l’inaction de l’Arcom et renvoient vers une pétition créée avant la mort du streamer Jean Pormanove, demandant la suppression de l’Arcom. Lancée sur le site de l’Assemblée nationale, elle enregistre plus de 17 000 signatures en moins d’un mois.

Budget et efficacité pointés du doigt

Le texte de la pétition, relayé par l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles et par le JDD, qui appartient au groupe Bolloré comme CNews et C8, “propose la suppression de l’ARCOM qui coûte pratiquement 50 millions en budget de fonctionnement annuel pour une rentabilité stérile, bureaucrate et qui nous venons de le voir avec la suppression de la première chaîne de la TNT en terme d’audience : C8, ne répond nullement aux attentes des Français en terme de pluralité des programmes et des sensibilités”.

Une pétition qui surfe tant sur l’idée propagée par l’extrême droite selon laquelle l’Arcom fait de la politique en ne renouvelant pas par exemple la fréquence TNT de C8 que sur la volonté affirmée par le RN et reprise par François Bayrou de supprimer des agences de l’État pour faire des économies.

En février, Ciotti voulait déjà supprimer l’Arcom

Une idée de supprimer l’Arcom déjà avancée par le député d’extrême droite Éric Ciotti, qui en février 2025 déclarait sur RMC souhaiter “supprimer l’Arcom comme ces centaines d’organismes qui sont coûteux. Pour l’instant, l’Arcom existe et fait preuve d’un déséquilibre absolument scandaleux puisque ce sont toujours les mêmes qui sont sanctionnés et très clairement pour des raisons idéologiques”, affirmait-il.

Libération racontait par exemple comment plusieurs internautes d’extrême droite reprochaient à tort à l’Autorité de régulation d’avoir publié une annonce de recrutement destinée aux candidats engagés “en faveur de la diversité et de l’égalité”, tandis que de nombreuses décisions de l’Arcom, essentiellement contre les médias du groupe Bolloré, ont été dénoncées par plusieurs élus d’extrême droite.

“L’Arcom n’a pas les moyens de sa mission”, regrette un député socialiste

Hors de l’extrême droite, seul le député du socle commun Karl Olive, qui s’interroge “à quoi sert l’Arcom ?” et le maire libéral de Cannes David Lisnard, qui estime que “l’Arcom, tant mobilisée pour faire fermer une chaîne de télé, a détourné le regard”, font entendre une voix critique envers l’Arcom. Le député du socle commun Denis Masséglia, connu pour ses streams sur Twitch, a estimé qu’”il viendra le temps de s’interroger sur l’ARCOM, et sur son rôle face à des dérives pourtant visibles depuis des mois”.