Ce lundi 18 août, un drame effroyable a frappé le monde du streaming. Raphaël Graven, connu sous le pseudo Jean Pormanove, est décédé lors d’un live diffusé sur la plateforme Kick. Il se faisait humilier et maltraiter par d’autres streamers depuis des jours.

jean pormanoveC’est une tragédie qui met en lumière les dérives de certains contenus diffusés sur des plateformes de streaming. Ce 18 août, Jean Pormanove est décédé en direct, lors d’un live sur la plateforme Kick.

Selon une enquête de Mediapart, qui a visionné les 300 heures de direct précédant sa mort, il a été frappé, ridiculisé et maltraité, le tout sous les messages d’insultes des spectateurs.

Jean Pormanove : des heures d’humiliation diffusées en direct

Jean Pormanove était en direct lorsqu’il est décédé subitement, à seulement 46 ans. Le 5 août dernier, la chaine du streamer lance un marathon de diffusion, avec d’autres membres de la chaîne, surnommés “Naruto”, “Safine” et “3Cheveux”. Les streamers mettent alors en place des “défis” humiliants visant le quadragénaire et “Coudoux”, un autre participant, handicapé, pour récolter des dons. Dès la première heure, les trois hommes frappent Jean Pormanove, et au fur et à mesure, les violences s’intensifient. Étranglements, humiliations quotidiennes, gifles, insultes homophobes… le streamer vit un véritable calvaire.

Assieds-toi, t’es notre chien !“, lui hurle Safine, en le forçant devant un ordinateur. Plus tard, Naruto lui impose un sac plastique sur la tête, avant de l’étouffer en direct. Les streamers lui infligent des électrochocs avec un collier pour chien, le forcent à défiler dans la rue avec des pancartes “pipe gratis” ou “fellation et gorge profonde”. Il est égalemen traité de “gros porc”, “crasseux” et de “sale péd*“. À plusieurs reprises, Jean Pormanove explique qu’il veut arrêter. “J’ai envie de [me] casser“, dit-il le 6 août. “Non, non, tu peux pas, t’es bloqué“, lui répond Naruto.

L’avocat d’un des streamers nie les violences

Contacté par Mediapart, Nabil El Ouchikli, avocat de “Naruto” (Owen C. de son vrai nom), assure que Raphaël Graven participait “de manière volontaire” à ces mises en scène et qu’il “tirait ses revenus” de ces directs. Selon lui, “il n’y a ni atteinte à sa dignité, ni contrainte“. Les douze jours d’images analysées par nos confrères, où les streamers l’empêchent de quitter les lieux, montrent pourtant le contraire. Les derniers jours de sa vie, affaibli et marqué par les coups, le quadragénaire est encore forcé de dire que ce n’est “qu’un jeu“.

Quand on tombe, on prend une claque, c’est le défi“, déclare-t-il, sur ordre de Naruto. Le dimanche 17 août au soir, selon les informations de Mediapart, il aurait supplié les autres membres d’appeler l’hôpital. Quelques heures plus tard, Raphaël Graven s’éteint dans son sommeil, toujours filmé en direct.