Delon : Dans le silence glacial de Douchy, la guerre des héritiers a recommencé

Alain-Fabien Delon: «Mon père n'est pas très ouvert»Alain Delon fan d'hélicoptère mais inquiet : son plus jeune fils s'en donne à cœur joie - PublicÇa faisait dix ans que je ne m'étais pas assis à côté de lui sur un canapé» : Alain-Fabien Delon évoque ses relation difficiles avec son père Alain Delon | CNEWSMay be an image of 3 peopleLe soleil d’août 2024 avait beau frapper durement les pierres tombales du petit cimetière de Douchy-Montcorbon, une image semblait vouloir défier la chaleur et le chagrin : celle d’une fratrie unie. Anthony, l’aîné au regard grave ; Anouchka, la fille chérie au visage baigné de larmes ; Alain-Fabien, le benjamin à l’allure tourmentée. Côte à côte, ils formaient un rempart infranchissable, un bloc de granit face à la douleur et, surtout, face à l’ennemie commune, Hiromi Rollin, bannie de la cérémonie avec une froide détermination. Le monde entier, ému par la disparition du Guépard, avait cru voir en cette scène le début d’une réconciliation, le triomphe des liens du sang sur des années de querelles.Héritages - Spéciale Alain Delon : le dernier combat du " Guépard "

C’était une illusion. Un chef-d’œuvre de communication, digne du plus grand acteur qu’ait été leur père. Car aujourd’hui, à peine un an après que la terre s’est refermée sur Alain Delon, le château de cartes de cette unité de façade s’est effondré avec une violence fracassante. Le silence qui régnait entre les murs de la propriété du Loiret n’était pas celui du deuil apaisé, mais celui, lourd et menaçant, qui précède les plus grandes batailles. La guerre des Delon n’a jamais cessé. Elle a simplement changé de front.

Selon des informations explosives relayées par le magazine Vito, la fragile trêve qui liait les trois enfants de l’icône a volé en éclats. La nouvelle ligne de fracture, profonde et peut-être irréparable, sépare désormais les deux frères, Anthony et Alain-Fabien. La source de ce nouveau séisme ? Une fois de plus, l’ombre de leur sœur, Anouchka, et la gestion d’un héritage estimé à plusieurs centaines de millions d’euros.

“C’est un échec total. Anthony et Alain-Fabien ne s’adressent plus la parole”, confie un proche du clan, dont les mots, rapportés par le magazine Voici, résonnent comme un épitaphe sur la tombe de leurs espoirs de paix. Mais que s’est-il passé pour que les deux frères, qui semblaient avoir trouvé un terrain d’entente dans leur combat contre Hiromi Rollin, en arrivent à ce point de non-retour ?

Pour le comprendre, il faut s’immiscer dans les coulisses des négociations successorales, un univers feutré où chaque mot est une arme et chaque silence, une stratégie. D’après nos sources, Alain-Fabien, le plus jeune, vivrait très mal la tournure des événements. Il accuserait son frère aîné, Anthony, d’un “manque de fermeté” coupable dans les discussions face à Anouchka. La “favorite”, désignée comme exécutrice testamentaire par son père, tiendrait les rênes de la succession d’une main de fer, et selon Alain-Fabien, Anthony se montrerait beaucoup trop conciliant, presque complaisant.

“Alain-Fabien a le sentiment qu’Anthony joue un double jeu”, nous glisse un ami de longue date du plus jeune fils. “Il a l’impression que son frère aîné est plus soucieux de préserver une image publique lisse et d’éviter un scandale que de se battre pour une répartition véritablement équitable. Pour lui, c’est une forme de trahison.” La frustration du jeune homme, longtemps considéré comme le plus fragile du trio, se serait muée en une colère froide. Il aurait exigé une ligne plus dure, une contestation plus frontale de certaines dispositions testamentaires qu’il jugerait trop favorables à sa sœur, notamment en ce qui concerne la gestion des biens immobiliers et la collection d’art inestimable de leur père.

Anthony, de son côté, se retrouverait dans une position intenable. En tant qu’aîné, il porte sur ses épaules le poids du nom et la responsabilité de pérenniser l’héritage sans le salir dans une guerre juridique interminable et dévastatrice pour l’image de la famille. Aurait-il tenté une approche plus diplomatique, cherchant le compromis pour éviter que le nom “Delon” ne soit synonyme de “déchirement” dans les décennies à venir ? C’est la thèse de ceux qui le défendent. “Anthony sait ce que coûte une guerre médiatique. Il a vu son père en souffrir. Il ne veut pas que ses enfants et ceux de ses frère et sœur grandissent avec cette image d’une famille qui s’entretue pour de l’argent”, analyse un observateur avisé du monde du cinéma.

Au centre de ce nouvel ouragan, Anouchka reste, comme souvent, silencieuse. Installée en Suisse, loin de l’agitation parisienne, elle incarne pour ses deux frères une position privilégiée, celle que leur père lui a toujours accordée. Est-elle la gardienne inflexible des dernières volontés du monstre sacré, ou manœuvre-t-elle habilement pour préserver ses intérêts ? La question divise et empoisonne chaque discussion, chaque réunion d’avocats. Chaque clause du testament est scrutée, interprétée, et devient un champ de bataille potentiel.

Le pacte de Douchy, scellé dans le chagrin, reposait sur une base unique : l’expulsion de la “dame de compagnie”. Une fois cet objectif atteint, les vieilles rancœurs, les jalousies et les blessures d’enfance ont refait surface avec une vigueur décuplée. L’héritage matériel, avec ses châteaux, ses œuvres d’art et ses comptes en banque, n’est que la partie visible d’un iceberg bien plus complexe : l’héritage symbolique. Qui, des trois, est le plus légitime pour porter le flambeau ? Qui incarnera la mémoire d’Alain Delon ? C’est aussi cette guerre invisible, une guerre d’ego et de légitimité, qui se joue dans l’ombre.

La rupture entre les deux fils du Guépard sonne comme le dernier acte d’une tragédie grecque. Le père, figure solaire et écrasante, a disparu, laissant ses enfants orphelins, non seulement d’un père, mais aussi d’un arbitre. Sans lui, la dynamique familiale a implosé. Le fragile équilibre qu’il maintenait, même dans le conflit, n’existe plus. Aujourd’hui, le clan Delon ressemble à un archipel d’îles solitaires, chacune persuadée de son bon droit, dérivant inexorablement loin les unes des autres. La légende Delon, si puissante à l’écran, survivra-t-elle à la guerre de ceux qui la portent ? Dans le silence glacial de Douchy, la question reste terriblement, et tristement, sans réponse.