Héritage de Linda de Suza : Le cri de colère d’un fils contre les “vautours” familiaux

Il y a des voix qui ne s’éteignent jamais vraiment. Celle de Linda de Suza, mélancolique et puissante, résonne encore dans le cœur de millions de Français. Décédée le 28 décembre 2022 à l’âge de 74 ans, l’icône à la “valise en carton” a laissé derrière elle un répertoire de chansons cultes, devenues les hymnes d’une génération d’immigrés portugais et le symbole d’une réussite née de la misère. Mais aujourd’hui, plus de deux ans après sa disparition, la poussière des hommages est retombée pour laisser place au fracas d’une guerre posthume, une bataille sordide pour son héritage où les liens du sang se teintent de la plus amère des trahisons.

Au cœur de cette tempête, un homme se dresse, seul contre tous : son fils unique, João Lança. C’est par un cri du cœur, une publication rageuse et bouleversante sur les réseaux sociaux, qu’il a décidé de briser le silence pour défendre la mémoire de sa mère, qu’il estime aujourd’hui bafouée, pillée, par ceux-là mêmes qui auraient dû la chérir.

Ses accusations sont graves et dessinent les contours d’une véritable tentative de “hold-up mémoriel”. João Lança dénonce sans les nommer des membres de la famille qui, après avoir brillé par leur absence durant les années de détresse de la chanteuse, réapparaissent aujourd’hui avec un appétit féroce. Leur objectif ? S’approprier non seulement l’héritage financier, mais aussi, et surtout, l’image et le nom de Linda de Suza.

Le premier acte de cette prise de contrôle, selon son fils, a été aussi symbolique que violent : la suppression pure et simple de la page Facebook officielle de la chanteuse. “Cette page, c’était elle qui l’avait créée, c’était son lien direct avec son public, ses derniers mots, ses dernières pensées”, s’insurge un proche. Effacer cette page, c’était effacer la voix authentique de Linda, faire taire son souvenir pour mieux le réécrire à sa guise.

Mais l’offensive ne s’arrêterait pas là. João Lança révèle une manœuvre encore plus cynique : la tentative de déposer la marque “Linda de Suza”. Une démarche administrative aux allures de déclaration de guerre. Car posséder la marque, c’est contrôler l’intégralité des droits à l’image, le merchandising, les projets de biopics, les albums d’hommage… C’est transformer le nom d’une artiste adulée en un produit commercial, une rente à exploiter, en excluant celui qui a partagé sa vie.

Ce qui rend la colère de João Lança si profonde, c’est l’hypocrisie insoutenable de la situation. “Où étaient-ils tous ces gens lorsque ma mère était au plus mal ?”, semble-t-il hurler entre les lignes. Car les dernières années de Linda de Suza furent un chemin de croix. Minée par la maladie, en proie à de graves difficultés financières et à un profond isolement psychologique, la star s’est éteinte dans une solitude qui contrastait tragiquement avec la ferveur qu’elle suscitait sur scène. Durant cette lente descente aux enfers, peu de mains se sont tendues. Aujourd’hui, ces mêmes personnes qui l’ont laissée sombrer se pressent autour de son héritage, telles des ombres avides attirées par la lumière éteinte de sa gloire.

Cette situation, aussi terrible soit-elle, n’est malheureusement pas une surprise. Linda de Suza l’avait elle-même, en quelque sorte, prédite. Dans son livre autobiographique poignant, au titre prémonitoire, “Des larmes d’argent”, elle racontait déjà avec une lucidité douloureuse les tensions, les trahisons et les blessures infligées par son entourage familial et professionnel. Elle y décrivait comment son succès avait attisé les convoitises, comment l’argent avait corrompu les relations les plus sacrées. Relire ces pages aujourd’hui, c’est comprendre que le drame qui se joue n’est que l’épilogue d’une vie de combat, d’une lutte acharnée pour exister et protéger son intégrité face à ceux qui ne voyaient en elle qu’une source de profits.

Le combat de João Lança n’est donc pas seulement celui d’un héritier légitime. C’est le combat d’un fils pour la dignité de sa mère. Après des années de relations parfois complexes, mère et fils s’étaient retrouvés et réconciliés avant sa mort. Aujourd’hui, il se positionne comme le gardien du temple, le dernier rempart contre ceux qui voudraient dénaturer son histoire. Il ne se bat pas pour des royalties, mais pour que le nom de Linda de Suza reste synonyme de courage, de résilience et de talent, et non celui d’une marque à vendre au plus offrant.

Cette guerre familiale jette une ombre cruelle sur l’héritage de l’une des plus grandes chanteuses populaires du XXe siècle. Que reste-t-il de la femme à la valise en carton, symbole de tous les possibles, lorsque sa propre famille semble déterminée à vider cette valise de son contenu le plus précieux : son âme ? Dans le silence de sa dernière demeure, la voix de Linda de Suza, elle, continue de chanter l’amour, l’exil et la peine. Un ultime refrain qui résonne aujourd’hui comme un bien triste avertissement.

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