54e jour d’hospitalisation… et 9e jour après ma greffe cardiaque. Les mots peinent à exprimer le tourbillon d’émotions qui m’envahit : l’épuisement, la peur et le soulagement. Aujourd’hui, cependant, une lueur de victoire : on m’a retiré la sonde d’intubation. Merci, Dieu. 🤍

Pendant neuf jours, je n’avais pas vu mon bébé éveillé, je n’avais pas entendu sa voix. Chaque jour me paraissait une éternité. Je restais plantée au bord de son lit, observant sa poitrine se soulever et s’abaisser à travers le respirateur, le cœur partagé entre espoir et crainte. Chaque bip du moniteur me rappelait sa fragilité et l’incroyable parcours qu’elle avait accompli. Elle semblait si paisible endormie, mais c’était le silence qui était le plus difficile à supporter. Pas de gazouillis, pas de rires, pas de babillage – juste le rythme mécanique de l’assistance respiratoire et les murmures occasionnels des infirmières.

Et pourtant, la voilà, ma forte petite fille. Elle est encore somnolente à cause de tous les médicaments — sédatifs, analgésiques, immunosuppresseurs — qui l’ont maintenue en vie et dans un certain confort, mais qui ont terni son éclat pendant plus d’une semaine. Mais aujourd’hui, assise à son chevet, j’ai perçu un mouvement. Un battement de paupières. Une légère pression sur ma main. Puis, un murmure — une voix à peine audible, mais indubitablement la sienne.

Ses premiers mots, à peine audibles, furent : « Pourquoi avais-je besoin de ça ? » Mon cœur se serra. J’avais envie de la prendre dans mes bras, de la serrer fort et de lui dire qu’elle avait été d’un courage inouï, que ce n’était pas sa faute, que chaque battement de son cœur était une victoire sur les épreuves qui la menaçaient. J’ai souri à travers mes larmes et lui ai murmuré : « Tu en avais besoin pour que ton cœur retrouve sa force, mon amour. Tout ira bien. Tu te débrouilles déjà si bien ! »

Je l’observais, absorbée par la situation. Son petit front se fronça, son regard scrutant le mien, comme si elle tentait de comprendre ce qui venait de lui arriver. Pendant neuf jours, son monde s’était réduit à un lit, des machines et les infirmières et médecins qui veillaient sur elle au moindre de ses besoins. Elle avait subi une opération qu’aucun enfant ne devrait jamais avoir à endurer, affronté la douleur et la convalescence avec une force que je pouvais à peine imaginer, et pourtant, la voilà — clignant des yeux, respirant, parlant.

Les infirmières ont applaudi discrètement cette étape importante, prenant soin de ne pas l’effrayer. L’une d’elles a murmuré : « Regardez-la, c’est une battante. » Et c’est bien vrai. Chaque jour à l’hôpital a été un combat. Pas seulement physique, mais aussi émotionnel. Voir son enfant branché à des moniteurs, des perfusions et des tubes, le voir dormir malgré les médicaments qui atténuent sa douleur et sa conscience, savoir que chaque respiration est un miracle, c’est épuisant. Cela met à rude épreuve toute foi, toute patience et toute force.

La première fois que j’ai tenu sa main après qu’on lui ait retiré la sonde d’intubation, j’ai eu l’impression de vivre un rêve. Sa peau était chaude mais fragile, ses doigts légèrement enroulés autour des miens. Je sentais son pouls – lent, régulier, fort – et je lui ai murmuré : « On a tenu le coup jusque-là, ma chérie. Tout ira bien. On est si fiers de toi. » Elle m’a regardée, un léger sourire aux lèvres, signe que, sous le voile des médicaments, son esprit était là, rayonnant et résilient.

Je me souviens parfaitement des jours précédant la greffe. L’angoisse de l’attente d’un cœur compatible, la crainte constante que le temps ne soit pas écoulé, la peur qu’elle ne s’en sorte pas. Chaque jour à l’hôpital avant l’opération était empli d’incertitudes, d’innombrables examens, de médicaments et d’une surveillance étroite. Et pourtant, elle affrontait chaque jour avec courage. Même lorsqu’elle avait peur, elle me serrait fort la main, me faisait confiance et faisait preuve d’une bravoure qui démentait son âge.

Puis vint l’opération – un marathon d’heures empli d’espoir et d’appréhension. Je me souviens d’être assise dans la salle d’attente, le téléphone serré contre moi, arpentant la pièce, priant en silence pour que chaque battement de cœur se synchronise avec le nouvel organe qui allait bientôt être le sien. Le temps s’étirait, chaque minute paraissant une heure, jusqu’à ce que, enfin, le médecin apparaisse. La transplantation cardiaque avait réussi. Un soulagement immense m’envahit, mêlé à une fatigue intense qui pesait sur chacun de mes muscles.

La convalescence, cependant, a été un tout autre défi. Après l’opération, la vie est fragile, délicate et exige une vigilance constante. Elle a été sous sédatifs pendant des jours, incapable d’interagir, de parler, de me rassurer par sa présence. Il y a eu des moments de désespoir, des moments où je me demandais si elle était vraiment consciente, si elle pouvait sentir ma présence à ses côtés, si elle comprenait que j’étais là, tout près, lui tenant la main à chaque battement de cœur, à chaque respiration.

Et maintenant, neuf jours plus tard, sans la sonde d’intubation, tout est différent. Un espoir renaît, un soulagement palpable, et une profonde admiration pour sa force. Chaque petit mouvement, chaque mot murmuré, chaque clignement d’œil témoigne de son courage. C’est un rappel qu’elle est bien plus que la maladie, bien plus que l’opération, bien plus que cette chambre d’hôpital. Elle est ma fille, ma courageuse petite fille, ma petite guerrière.

Nous avons passé des heures ensemble aujourd’hui, à parler doucement, à rire discrètement et à célébrer chaque petite victoire. Ses questions étaient curieuses, prudentes et parfois drôles, comme celles des enfants qui assimilent quelque chose d’immense. J’ai répondu à chacune d’elles, choisissant avec soin des mots à la fois sincères et réconfortants, qui célébraient son courage et la rassuraient sur sa sécurité.

Même les choses les plus simples — une gorgée d’eau, un doux étirement des bras, ouvrir les yeux pour admirer la lumière du soleil à travers la fenêtre — devenaient des victoires immenses. Chacune était un rappel du miracle de la guérison, de la force de la résilience et du lien indéfectible entre un parent et son enfant. Je murmurais des félicitations pour chaque effort, des câlins et des baisers pour chaque sourire, et des mots de réconfort pour chaque larme.

Tout au long de ce parcours, j’ai appris la patience d’une manière insoupçonnée. J’ai appris à savourer les petites victoires, à traverser l’incertitude avec sérénité et à trouver de la gratitude dans des moments qui semblaient autrefois banals. La voir maintenant, même endormie et fragile, me remplit d’une joie profonde, paisible et inébranlable.

Ma fille m’a appris des leçons de force, de courage et de résilience humaine. Elle m’a montré que la bravoure n’est pas l’absence de peur, mais la volonté de l’affronter avec espoir et amour. Chaque progrès dans sa guérison est une victoire sur la maladie, un témoignage de son esprit indomptable.

Alors que je la regarde se rendormir paisiblement ce soir, je repense au chemin parcouru. Chaque jour a été une épreuve de foi, d’endurance et d’amour inconditionnel. Le chemin à venir sera encore semé d’embûches : la kinésithérapie, les médicaments, les consultations de suivi et le processus de guérison émotionnelle. Mais ce soir, nous célébrons la victoire d’aujourd’hui. La sonde d’intubation a été retirée. Ma fille est réveillée. Ma fille parle. Ma fille est vivante, forte et magnifique.

Gracias Diosito. Merci pour ce moment. Merci pour chaque battement de cœur, chaque respiration, chaque petit sourire. Et à ma petite fille : tu es mon héroïne, mon miracle, mon cœur courageux. Pas à pas, murmure après murmure, nous avançons ensemble. Un jour de plus vers la maison, un jour de plus vers la guérison complète, un jour de plus vers une vie remplie de rires, d’amour et de liberté, loin de ces murs d’hôpital.

Tu es si courageuse, si forte et si profondément aimée. Et aujourd’hui, nous te célébrons.