L’ascension fulgurante de Julien Lieb, depuis le moment où il a franchi pour la première fois les portes du château de Dammarie-les-Lys à l’automne 2023 pour la 11e saison de la Star Academy, jusqu’à sa place méritée en finale face à Pierre Garnier, est le récit d’un talent brut et d’une authenticité rare qui a immédiatement résonné auprès du public. Il a réussi bien au-delà du simple cadre d’un télé-crochet. Sa voix singulière, reconnaissable à son timbre chaud et légèrement voilé, tranchait avec les sonorités plus classiques de ses camarades. C’est surtout sa capacité à transmettre des émotions brutes, sa « fragilité assumée », qui a séduit, transformant chaque prestation en un moment de sincérité rare, dénué des artifices parfois inhérents à la machine télévisuelle.

Cela lui a permis de marquer l’histoire de l’émission au même titre, voire davantage, que certains vainqueurs, inscrivant son nom dans une catégorie d’artistes pour qui le concours n’est qu’un tremplin vers une œuvre personnelle. À peine l’aventure terminée, fort de cet élan médiatique et de sa nouvelle notoriété, Julien s’est rapidement positionné comme un auteur-interprète crédible. Sa démarche n’est pas opportuniste, mais animée par la volonté profonde de bâtir un univers musical nourri de son vécu et de ses émotions. C’est celle d’un artiste en devenir, pleinement conscient de la fragilité de ce succès soudain, mais déterminé à travailler pour l’inscrire dans la durée. Cette humilité contraste avec la lumière des projecteurs et renforce, paradoxalement, le lien profond et sincère qu’il entretient avec son public.

Si la musique constitue l’expression de son talent, c’est bien l’amour qui agit comme son moteur et sa boussole. Depuis sa sortie de l’émission, Julien a fait preuve d’une transparence désarmante en évoquant sa relation avec Amélie, danseuse et compagne. Elle inspire son quotidien et ses compositions, révélant une volonté de se montrer sans artifice, là où l’intimité est souvent un territoire jalousement gardé. Cette relation est pour lui un « point d’ancrage » et une « source d’équilibre » indispensable pour affronter la pression d’une carrière naissante et les « galères traversées avant la notoriété ».

Son attachement s’exprime par des gestes symboliques forts, tel le fait d’avoir glissé dans le livret de son futur disque cette phrase bouleversante : « Nos enfants auront tes cheveux et mon sourire ». Cette formule condense l’essence d’un projet de vie commun, d’une fusion où l’amour et la musique se confondent, chaque note étant traversée par la présence d’Amélie, à l’image de sa chanson 13 heures.

Au-delà de cette relation fusionnelle, c’est le rêve de paternité de Julien Lieb qui révèle une ambition et une maturité singulières. Ce désir est ancré en lui depuis l’enfance, se manifestant par une conviction presque prophétique. Il s’agit d’un rêve survenu à l’âge de dix ans, où il voyait déjà son premier fils, prénommé Liam, avec des cheveux bruns bouclés et ses propres traits du visage. Il a gardé ce prénom « précieusement comme une promesse ».

La rencontre avec Amélie, dont la chevelure bouclée fait écho direct à cette vision d’enfant, a agi comme un signe, renforçant sa conviction que l’amour de sa vie portait déjà en elle la trace symbolique de ce futur à deux. Ce désir de transmettre la vie, un besoin qui ne relève pas seulement d’un instinct biologique, mais s’inscrit dans une continuité affective, presque spirituelle.

Ce besoin de devenir père est d’autant plus puissant qu’il est lié à une blessure originelle : la perte précoce de son propre père. Julien le décrit avec une intensité mythologique comme « un dieu vivant » puis « une légende » au sein de sa famille. Cette disparition d’un pilier a sans aucun doute accentué son besoin de recréer un lien paternel, de devenir lui-même ce modèle protecteur qu’il a perdu trop tôt.

Faire de la paternité une manière de prolonger une histoire, d’honorer la mémoire paternelle et de « réinventer ce lien » interrompu, en offrant à ses futurs enfants ce qu’il a lui-même tant désiré, est devenu une nécessité. Loin de l’image de certains jeunes artistes absorbés par la frénésie des débuts, Julien ose placer la paternité au même rang que la musique.

Il affirme sans détour : « Être père est pour moi un rêve au même titre que laisser une trace dans la musique ». Cette parole révèle une maturité rare, conscient que l’existence trouve son sens profond non pas dans les projecteurs et les applaudissements, mais dans la richesse de la transmission, de l’amour et de l’affiliation. Il fait ainsi de son vécu une force et transforme une absence en promesse d’avenir. C’est précisément cette conjugaison entre ambition artistique et vocation intime qui fait de Julien Lieb une figure attachante et singulière sur la nouvelle scène française.