Mensignac : Le chanteur Kendji Girac revient sur sa terre natale avec émotion

Kendji Girac émeut le public pour la Fête du pain à Mensignac : un 14 juillet entre confidences, retrouvailles et renaissance

Mensignac (Dordogne), 14 juillet 2025 — Il est un peu plus de 20 heures lorsque Kendji Girac arrive dans les coulisses de la scène installée sur la place du village de Mensignac. Dans l’air flotte l’odeur du pain chaud et des grillades. Les familles sont déjà massées autour de la scène, enfants sur les épaules, drapeaux tricolores à la main. Ce 14 juillet 2025 ne ressemble à aucun autre ici, en Dordogne. Car ce soir, c’est l’enfant du pays qui revient. Et pas simplement pour chanter. Pour se raconter.

Quelques minutes avant de monter sur scène, Kendji a accordé une interview exclusive à DL. L’occasion de revenir sur sa relation avec la Dordogne, son nouvel album, et surtout, sur cette pause forcée du printemps dernier qui a bouleversé ses certitudes et redéfini ses priorités.

Un retour aux sources plein d’émotion

« J’ai grandi ici. C’est ma terre, c’est mon cœur », confie Kendji, les yeux embués d’une tendresse discrète. « Chanter à Mensignac, pendant la Fête du pain, c’est plus qu’un concert. C’est une manière de dire merci. »

Pour le chanteur révélé par The Voice en 2014, la Dordogne n’a jamais cessé d’être son refuge. Même au sommet de sa carrière, il y revenait dès qu’il le pouvait. « La musique m’a fait voyager, mais c’est ici que je me ressource. Ici que je retrouve mes racines, la simplicité, la vérité. »

Cette vérité, il l’a cherchée durant ces derniers mois, loin des projecteurs, après une période d’arrêt brutal. En avril dernier, Kendji avait annulé plusieurs concerts, évoquant « un besoin de recul, de silence ». Certains médias avaient parlé de burn-out, d’épuisement, voire de dépression. Le chanteur, pudique, préfère évoquer « une parenthèse nécessaire ».

Une pause forcée, un nouveau souffle

« Ce printemps, j’ai compris que je courais trop vite », explique-t-il doucement. « La vie d’artiste est belle, mais elle peut aussi t’engloutir. Je me suis réveillé un matin, et j’ai senti que j’avais besoin d’appuyer sur pause. J’avais besoin de retrouver l’homme derrière l’artiste. »

Pendant ces quelques mois d’absence, Kendji s’est coupé des réseaux sociaux, a réduit au strict minimum ses apparitions publiques, et s’est entouré de sa famille, de ses proches. « J’ai planté des tomates avec mon père, joué de la guitare avec mon oncle, chanté autour d’un feu. J’ai réappris à respirer. »

Mais cette pause n’a pas été stérile. Bien au contraire. C’est dans cette période de silence qu’est né son nouvel album, “À Cœur Ouvert”, prévu pour la rentrée.

Un nouvel album, plus intime que jamais

« Cet album, c’est moi, sans filtre. » Pour la première fois, Kendji a écrit seul plusieurs textes. Des chansons plus lentes, parfois mélancoliques, toujours sincères. Loin de l’euphorie festive de ses débuts, “À Cœur Ouvert” explore la vulnérabilité, l’amour qui vacille, la peur de décevoir, et la force de se relever.

« J’ai voulu parler vrai. Parfois, les gens pensent que tout va bien parce qu’on sourit à la télé. Mais on est tous humains. J’ai mes doutes, mes peines. Cet album, c’est une main tendue vers ceux qui traversent des tempêtes. »

Et dans la chaleur du soir à Mensignac, Kendji a interprété pour la première fois quelques extraits de ce projet. Une ballade poignante intitulée “Respire”, en duo guitare-voix, a particulièrement ému le public. Une jeune femme dans la foule, les larmes aux yeux, chuchotait : « C’est comme s’il chantait ce que j’ai dans le cœur. »

Un public fidèle, une ferveur intacte

Malgré les mois d’absence, le lien entre Kendji et son public semble plus fort que jamais. Les 3 000 personnes présentes à Mensignac ce 14 juillet ont chanté avec ferveur ses plus grands succès : Color Gitano, Andalouse, Tiago, Habibi. Chaque mot résonnait comme une déclaration d’amour à cet artiste solaire et authentique.

« J’avais peur de revenir, peur qu’on m’ait oublié », avoue-t-il. « Mais ce soir, je comprends que la musique est un lien qui ne se casse pas. »

Entre deux morceaux, il prend le temps de saluer les visages familiers. Une dame au premier rang, la soixantaine, lui tend un petit pain maison : « C’est comme quand tu venais avec ta mère au marché ! » Il rit, visiblement ému, et lui répond en occitan : « Gràcies, mameta ! »

Une symbolique forte pour le 14 juillet

Cette Fête du pain, en plein 14 juillet, a pris une tournure symbolique. Tandis que les feux d’artifice illuminaient le ciel de Mensignac, Kendji entonnait une version acoustique de La Marseillaise, suivie d’un vibrant hommage aux pompiers, aux soignants, et à « tous ceux qui tiennent ce pays debout quand il vacille ».

Il conclut le concert avec Les yeux de la mama, dédié à sa mère présente dans le public. Un moment suspendu, où l’on sent que la musique n’est plus un spectacle, mais une offrande, un acte de gratitude, un retour à l’essentiel.

Et maintenant ?

« Je ne veux plus courir après le succès. Je veux courir vers ce qui me rend vivant », résume Kendji, alors que la foule se disperse doucement. Il n’a pas prévu de grande tournée pour l’instant. Juste quelques dates choisies, « là où le cœur m’appelle ». Parmi elles : une soirée dans un hôpital pour enfants, un concert surprise dans une école de musique à Marseille, et une collaboration inattendue avec un groupe tzigane de Roumanie.

Quant à la suite ? « On verra. Peut-être que demain, je serai dans un champ à jouer pour deux personnes. Et ce sera aussi bien. »

Un artiste en pleine mue

Le Kendji Girac de 2025 n’est plus seulement le jeune homme à la voix ensoleillée qui a conquis la France avec des rythmes gitans. Il est devenu un homme, un artiste en quête de sens, plus vulnérable, plus profond. Et s’il a laissé derrière lui les strass et les paillettes, il a gagné en humanité, en authenticité.

Mensignac se souviendra longtemps de ce 14 juillet. Non pas seulement pour le feu d’artifice, ou le pain croustillant des boulangers. Mais parce qu’un garçon du coin, devenu star, est revenu, guitare en main et cœur ouvert, pour dire à sa terre natale : Je suis encore là. Et je suis moi.