Toutes les bonnes chansons de Kendji Girac

KENDJI GIRAC : “Les incontournables – 10 ans”, la bande‑son d’une décennie de succès

Le 22 novembre 2024, Kendji Girac a fêté son premier anniversaire à deux chiffres dans la musique avec la sortie de KENDJI, les incontournables – 10 ans, un best‑of de dix titres qui condense toute l’ADN d’un artiste passé en un éclair du statut de « gitan au grand cœur » repéré dans The Voice à celui de tête d’affiche des plus grands festivals français. Loin du simple exercice marketing, cette compilation raconte un parcours, des racines à l’ouverture – et rappelle qu’en dix ans, Kendji a su rester fidèle à sa rumba catalane tout en épousant les mutations de la pop urbaine. Apple Music – Web PlayerMusic on TIDAL

1. Color Gitano : la genèse

Même si l’opus s’ouvre sur Andalouse, le neuvième titre, Color Gitano, mérite d’être évoqué en premier : c’est le morceau‑totem que Kendji poste en mai 2014, quelques semaines avant de remporter The Voice. Avec ses palmas, ses guitares fiévreuses et son refrain truffé de mots espagnols, le titre hisse aussitôt la rumba sur les ondes nationales et impose un son solaire dans une France encore orpheline de Gipsy Kings. En le réentendant aujourd’hui, on mesure à quel point toute la suite découle de ces deux minutes quarante d’insouciance rieuse. Music on TIDAL

2. Andalouse : l’explosion

Si Color Gitano allume l’étincelle, Andalouse met le feu aux classements. Sorti à l’automne 2014 et désormais premier titre de la compilation, ce single mariant rythmique latina et refrains pop se classe numéro 1 des ventes en Belgique et atteint le podium français. Avec ses 2’49 minutes, le titre est un modèle d’efficacité radio. Surtout, il installe l’esthétique visuelle de Kendji : chemise blanche, guitare sur l’épaule, regard qui frise. Dix ans plus tard, il reste l’incontournable des soirées mariage – et le symbole d’une France qui danse sans complexe sur des influences métissées. Music on TIDAL

3. Les yeux de la mama : la tendresse universelle

Deux ans plus tard, Kendji montre qu’il n’est pas qu’un générateur de tubes uptempo. Les yeux de la mama, ballade dédiée à sa mère, surprend par sa pudeur. Exit les percussions festives : place à un arrangement acoustique dépouillé où la voix fend la guitare pour dire l’amour filial. Le public suit : disque de diamant et passage obligé dans les baptêmes comme dans les enterrements. Dans l’album anniversaire, la chanson rappelle la fibre sensible d’un artiste bancable mais capable de suspendre le temps trois minutes durant. Music on TIDAL

4. Tiago : l’appel à la simplicité

En 2018, Kendji publie Tiago, clin d’œil à son neveu et, plus largement, au besoin de rester simple. Moins flamboyante qu’Andalouse, la chanson adopte un mid‑tempo gorgé de guitare sèche et de petites percussions, presque comme un retour au feu de camp familial. Dans la compilation, ses 2’58 minutes servent de respiration : on y réentend le garçon qui, adolescent, chantait sur les marchés de Dordogne. Preuve qu’au milieu d’une industrie pop obsédée par la course au streaming, Kendji n’oublie jamais la veillée tzigane qui l’a vu naître. Music on TIDAL

5. Bebeto et No Me Mires Más : les ponts urbains

Les années 2020 marquent l’ouverture aux featurings. Le reggaeton ne cesse de monter en Europe ; Kendji s’acoquine alors avec les poids lourds de l’urbain francophone. Bebeto, enregistré avec Soolking (2020), revendique un rythme plus trap‑latino, entre nappes synthétiques et riffs flamencos. Deux titres plus loin, No Me Mires Más voit Soprano injecter son flow marseillais dans la rumba catalane. Résultat : deux morceaux qui dépassent facilement les 50 millions de streams et démontrent qu’un chanteur de variétés peut parfaitement converser avec la génération rap sans perdre son identité. Music on TIDAL

6. Le Feu et Dans mes bras : la fraternité chantante

Avec Le Feu (2022) en duo avec Vianney, Kendji signe un hymne au vivre‑ensemble, porté par des chœurs à l’unisson et une mandoline en contre‑chant. L’alchimie fonctionne d’autant mieux que Vianney, comme lui, vient de la scène acoustique et cultive un goût pour les mélodies franches. Dans mes bras (2020), partagé avec Dadju, illustre l’autre versant de cette fraternité : une ballade R&B aux harmonies vocales léchées, conçue comme un rnb français « à l’américaine ». Sur la compilation, ces deux titres incarnent la force du featuring : fusionner des publics, multiplier les couleurs, propulser la rumba hors de sa zone de confort. Music on TIDAL

7. Pour oublier : le spleen dansant

Pour oublier, single estival de 2019, associe guitare nylon, kick reggaeton et texte mélancolique : « Pour oublier, je m’en vais danser… ». Cette dualité joie‑tristesse est l’une des signatures de Kendji. Sur scène, le public saute ; dans les écouteurs, certains pleurent. Choisie pour conclure la face A de la compilation, la piste rappelle qu’un tube, chez lui, n’est jamais purement feel‑good : il y a toujours l’ombre d’une rupture ou d’une absence qui plane derrière les « olé ». Music on TIDAL

8. Si seulement… : le virage introspectif

Parmi les deux pistes que les fans plus récents découvrent parfois, Si seulement… (2021) retient l’attention. Écrite dans la foulée de la crise sanitaire, la chanson pose la question du « et si ? » – et si la gloire s’arrêtait, et si l’on revenait à la case départ ? Les arrangements se font sobres : un piano, une guitare, quelques cordes. Sur les réseaux, beaucoup y voient « la chanson la plus mature de Kendji ». Sa présence dans Les incontournables signale que l’artiste n’a pas peur de montrer ses fissures – et annonce peut‑être une deuxième décennie plus introspective. Music on TIDAL

9. Une construction pensée comme un concert

Au-delà du simple empilement de hits, la tracklist suit une logique scénique : ouverture fédératrice (Andalouse), montée en puissance festive (Bebeto, No Me Mires Más), pause émotion (Les yeux de la mama), climax choral (Le Feu), descente douce (Pour oublier, Si seulement…). En trente‑quatre minutes, l’album reconstitue l’arc narratif d’un concert d’arène – ceux qu’il donnera tout l’été 2025, notamment au Festival de Nîmes, déjà complet. On comprend alors pourquoi « incontournables » est au pluriel : il ne s’agit pas seulement de chansons, mais d’étapes indispensables dans l’histoire d’une communauté de fans qui grandit avec lui. Apple Music – Web Player

10. Dix ans et après ?

Cette rétrospective tombe à point : après une pause forcée au printemps 2025 et un retour scénique ému à Mensignac le 14 juillet, Kendji a rappelé qu’il avançait désormais « au rythme du cœur, pas du marché ». À écouter Les incontournables – 10 ans, on mesure la route parcourue : du gitan de Dordogne filmé à la verticale sur YouTube au chef de file d’une pop latine francophone capable de réunir Vianney, Dadju, Soprano et Soolking sur un même disque. La suite ? Un nouvel album annoncé pour 2026, entre musiques balkaniques et sonorités électroniques – preuve que l’enfant prodige refuse la nostalgie. Mais avant d’ouvrir ce nouveau chapitre, Les incontournables offrent un polaroïd parfait : celui d’un artiste qui, en dix titres, a déjà écrit l’un des chapitres les plus lumineux de la pop française contemporaine.