SCANDALE À L’ASSEMBLÉE : UN DÉPUTÉ BALANÇE LA « MAGOUILLE » DES NICHES FISCALES ET ACCUSE LES ÉLUS DE CHOIR L’ÉLITE MÉDIATIQUE

 

 

SCANDALE À L’ASSEMBLÉE : UN DÉPUTÉ BALANÇE LA « MAGOUILLE » DES NICHES FISCALES ET ACCUSE LES ÉLUS DE CHOIR L’ÉLITE MÉDIATIQUE

 

La scène se déroule au cœur de la République, là où les lois sont censées être votées au nom de l’équité nationale. Pourtant, c’est un tout autre spectacle qui s’est offert aux Français, celui de l’hypocrisie et du cynisme politique. Excédé par ce qu’il perçoit comme une « magouille » institutionnelle, le député Verni a brisé l’omerta en direct, transformant une simple discussion budgétaire en un réquisitoire cinglant contre la connivence entre le pouvoir et une certaine élite médiatique.

Son intervention visait un point précis, technique, mais hautement symbolique : l’abattement fiscal dont bénéficient les journalistes. Alors que des millions de citoyens peinent à payer leurs impôts et subissent de plein fouet la précarité, une niche fiscale obscure permet à une profession – et non des moindres – de jouir d’une subvention déguisée. Le ton de Verni était sans appel, s’adressant directement à ses collègues : « Je vous regarde, les hypocrites. Qu’est-ce que je rigole sur cet amendement ! » Ce cri du cœur, ou plutôt ce coup de gueule, a révélé au grand jour le prix que la classe politique est prête à payer pour s’assurer une presse complaisante. L’histoire de cet amendement rejeté est avant tout l’histoire d’un échec de la justice sociale, où les intérêts de l’élite ont primé sur ceux des plus vulnérables.

 

Un Quid Pro Quo Dénoncé en Direct : L’Heure des Comptes

 

Le fond de la colère du député Verni est à la fois moral et économique. Il pointe du doigt la scandaleuse disparité qui règne dans le traitement des professions. Si la précarité des journalistes justifie une intervention fiscale, pourquoi les élus n’étendent-ils pas ce même avantage à tous ceux qui luttent pour leur survie quotidienne ?

Verni met l’Assemblée face à ses contradictions : « Pourquoi ne le fait-on pas sur toutes les professions, les infirmières, les ouvriers, les aides-soignantes, tous les métiers qui sont dans la précarité ? Pourquoi ne vote-t-on pas des niches fiscales pour toutes ces professions ? »

Le sous-entendu est limpide : la profession journalistique bénéficie d’un traitement de faveur car elle est essentielle au maintien de la bonne image des gouvernants. L’élu n’hésite pas à dénoncer ce qu’il perçoit comme un troc cynique : « Qu’est-ce qui vous intéresse en fait dans cette niche ? Ah, bah le papier qu’on va écrire sur nous, il faut choyer les journalistes, on en a besoin. C’est eux qui nous servent la soupe. »

Qualifier une niche fiscale de « subvention » est déjà un acte fort, mais dénoncer la relation de dépendance entre les subventionnés et les subventionneurs est une accusation de collusion qui a fait trembler les murs du Palais Bourbon. Pour Verni, la question n’est pas de savoir si les journalistes méritent ou non d’être aidés, mais d’exiger l’honnêteté et l’équité : soit la niche s’applique à tous les Français dans la précarité, soit elle n’existe pour personne. L’idée que seule la « presse de gauche » ou une certaine presse d’opinion doive être subventionnée est d’autant plus problématique qu’elle engage l’argent du contribuable pour financer, selon lui, une forme de « propagande » de plateau.

Le Mécanisme Obscur qui Favorise l’Élite Médiatique

 

L’indignation du député Verni est alimentée par une mécanique fiscale perverse qui, loin d’aider les plus fragiles, profite aux plus nantis de la profession. Il s’agit de l’abattement forfaitaire pour frais professionnels.

Le député révèle des chiffres précis qui achèvent de démonter l’argument de l’aide sociale : on peut trouver « problématique que des journalistes qui sont payés 91 000 € par an bénéficient d’un abattement de 7 500 € sur leur revenu. »

Pourquoi ce mécanisme favorise-t-il les plus riches ? Parce que le mécanisme de l’abattement est intrinsèquement lié aux tranches marginales d’imposition. En clair, plus un contribuable est riche (et donc dans les tranches d’imposition les plus élevées), plus l’abattement pratiqué sur son revenu lui fait gagner d’argent en matière d’impôt.

Pour un journaliste bien payé (gagnant 91 000 € par an), cette niche fiscale lui fait économiser environ 3 000 € sur ses impôts.
Pour un journaliste précaire, l’économie ne s’élève qu’à 841 €.

C’est une inversion totale du principe de justice sociale. Le système, censé aider les travailleurs du terrain, se révèle être un cadeau fiscal aux journalistes de plateau, ceux qui sont déjà confortablement installés et dont les frais professionnels (transport, documentation) sont de toute façon largement couverts par des notes de frais.

L’origine de cet avantage remonte à 1934. À cette époque, le travail de terrain impliquait des frais non couverts. Aujourd’hui, avec l’évolution des pratiques professionnelles et l’arrivée des remboursements de notes de frais, ce mécanisme est, selon Verni, non seulement obsolète, mais « favorise très outrageusement les journalistes les mieux payés qui honnêtement ne sont plus dans du travail de terrain mais sont plutôt dans du travail de plateau et parfois même de propagande ».

 

L’Amendement d’Équité Rejeté : La Riposte des Hypocrites

 

Face à ce déséquilibre criant, la proposition du député Verni était simple et visait à rétablir une forme d’équité en limitant l’avantage. Son amendement visait à plafondner le gain fiscal à 850 €. L’objectif était clair : conserver un filet de sécurité pour les journalistes les plus précaires, tout en coupant le robinet de la subvention aux plus riches.

Ce faisant, Verni cherchait à rendre au dispositif sa vocation sociale initiale. Mais l’Assemblée, par la voix du rapporteur général et de la ministre, a manifesté une opposition farouche, affichant un « avis défavorable » total.

L’argument de l’opposition, en apparence technique, cachait mal la volonté de ne rien changer au statu quo. Ils ont dénoncé une augmentation indirecte des impôts : « votre amendement, pardon, vous allez avoir des effets de bord considérables et vous avez toute une classe moyenne de journalistes qui sont pas particulièrement riches qui vont être taxés. »

Ce discours, qui agite l’épouvantail de la « classe moyenne », cherche à masquer le fait que le dispositif initial est une subvention déguisée pour les hauts revenus. Protéger la niche, c’est protéger l’avantage des mieux lotis.

Le résultat du scrutin fut sans appel : 76 voix pour, contre 124 voix contre. L’Assemblée nationale, majoritairement, a choisi de maintenir le privilège fiscal.

 

L’Échec de la Justice Sociale : Ce que Révèle le Vote

 

Le rejet de cet amendement est plus qu’un simple fait divers parlementaire. Il est une radiographie de la relation malsaine entre le pouvoir politique et le quatrième pouvoir. En refusant de réformer un avantage fiscal manifestement injuste et obsolète, la classe dirigeante envoie plusieurs messages accablants :

    Priorité aux Intérêts de l’Élite : Le signal est donné que, face aux besoins des infirmières, des aides-soignantes ou des ouvriers, les avantages de l’élite médiatique sont jugés plus importants et non négociables.
    Peur de l’Indépendance Médiatique : En maintenant le dispositif, les élus alimentent la suspicion d’une presse « choyée » qui pourrait être moins encline à l’investigation et à la critique du pouvoir.
    Défiance envers la Justice Fiscale : Le vote réaffirme la persistance des niches fiscales injustes et la difficulté du législateur à réformer les avantages acquis, même lorsqu’ils contredisent tout principe d’équité.

Le député Verni, par son intervention, a certes perdu son combat législatif, mais il a remporté une victoire morale en exposant au grand jour la vérité sans filtre de ces échanges de bons procédés. L’affaire du « choyage » des journalistes bien payés restera comme un symbole de l’incapacité du système politique à se regarder dans un miroir et à se réformer au nom de l’honnêteté. Le citoyen, lui, ne peut que constater que les « magouilles » ont la vie dure et que le prix à payer pour les silences de l’élite est prélevé directement sur sa propre feuille d’impôts.